PEUT-ON FORMER UN REFERE-SUSPENSION CONTRE UNE DECISION DE NOMINATION SUR UN POSTE ?
Conseil d’Etat, 31 août 2022, Mme C., n°467029
Quelles sont les conditions du référé-suspension ?
Par principe, les décisions administratives sont pleinement exécutoires : Conseil d’Etat, Assemblée, 2 juillet 1982, Huglo, n°25288.
Aux termes de l’article L.521-1 du code de justice administrative, il est possible de former un référé-suspension devant le juge administratif afin d’obtenir la suspension de l’exécution d’un acte administratif, sous 3 conditions cumulatives :
- Une situation d’urgence (Conseil d’Etat, Section, 19 janvier 2001, Confédération nationale des radios libres, n°228815), appréciée objectivement et in concreto (Conseil d’Etat, 28 février 2001, Préfet des Alpes-Maritimes, n°228569)
- Un recours au fond
- Un doute sérieux quant à la légalité de la décision
L’objectif d’une telle procédure est de contrecarrer le caractère non suspensif des recours administratifs et contentieux, tel que prévu par l’article L. 4 du code de justice administrative.
Les conséquences d’une éventuelle annulation d’une nomination au fond créent-elles une situation d’urgence ?
NON - Les faits d’espèce étaient tels qu’une requérante avait demandé au juge des référés la suspension de l’exécution d’une nomination au poste de vice-président chargé de l'instruction au tribunal judiciaire de Nanterre dans le pôle « Crimes sériels et non élucidés ».
Par son ordonnance du 31 août 2022, le Conseil d’Etat a estimé que la situation d’urgence n’était pas remplie.
Traditionnellement, le juge administratif caractérise une situation d’urgence dès lors que l’exécution d’un acte administratif porte atteinte, de manière suffisamment grave et immédiate, à un intérêt public, à la situation du requérant ou aux intérêts qu’il entend défendre.
Le Conseil d’Etat a rappelé que l’article L. 522-3 du code de justice administrative permet au juge des référés de rejeter sans instruction ni audience les demandes de suspension qui ne présentent pas un caractère d'urgence.
Au cas présent, la requérante estimait que l’installation imminente d’une magistrate aurait eu pour conséquence de la conduire à débuter ses fonctions et à formaliser des actes d’instruction, ce qui remplissait la condition d'urgence.
Or, le Conseil d’Etat refuse de reconnaitre l’urgence et de faire droit à sa demande.
Cette décision vient préciser l’appréciation de l’urgence dans le cadre de la contestation d’une nomination sur un poste.
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